Les trois principes de la permaculture : guide complet
La permaculture propose une approche durable de l'agriculture et du mode de vie. Ses trois principes fondamentaux - prendre soin de la Terre, prendre soin de l'humain et partager équitablement - forment un cadre éthique guidant les pratiques permaculturelles. Comprendre ces principes est indispensable pour mettre en œuvre une permaculture efficace et respectueuse.
Prendre soin de la Terre
Le premier principe de la permaculture, "Prendre soin de la Terre", constitue le fondement d'une approche holistique visant à créer des systèmes agricoles durables et résilients. Ce principe englobe un ensemble de pratiques et de techniques conçues pour préserver et régénérer les écosystèmes naturels tout en produisant de la nourriture et des ressources pour les communautés humaines.
La conservation des sols : une priorité absolue
La protection et l'amélioration de la qualité des sols représentent un aspect crucial du principe "Prendre soin de la Terre". Les chiffres alarmants concernant l'érosion des sols mettent en lumière l'urgence de cette problématique : selon les données de l'INRAE, la France perd en moyenne 1,5 tonne de terre arable par hectare et par an. Face à ce constat, la permaculture propose des solutions concrètes pour enrayer ce phénomène :
Le paillage : cette technique consiste à recouvrir le sol de matières organiques (paille, feuilles mortes, broyat de bois) pour le protéger de l'érosion, maintenir l'humidité et favoriser l'activité biologique.
Les cultures de couverture : l'implantation de plantes couvre-sol entre les cultures principales permet de maintenir une couverture végétale permanente, limitant ainsi l'érosion et enrichissant le sol en matière organique.
Le non-labour : en minimisant le travail du sol, on préserve sa structure et sa biodiversité, tout en réduisant les risques d'érosion.
La préservation de la biodiversité
Le maintien et l'augmentation de la biodiversité constituent un autre aspect fondamental du principe "Prendre soin de la Terre". La permaculture encourage la création d'écosystèmes diversifiés et interconnectés, s'inspirant des modèles naturels. Voici quelques pratiques clés :
L'agroforesterie
L'association d'arbres et de cultures agricoles sur une même parcelle permet de créer des habitats variés pour la faune et la flore. En France, les systèmes agroforestiers ont démontré leur efficacité en termes de productivité et de préservation de la biodiversité. Une étude menée par l'INRAE en 2022 a révélé que les parcelles agroforestières abritaient en moyenne 30% d'espèces végétales et animales de plus que les parcelles en monoculture.
La création de zones refuges
L'aménagement de zones non cultivées (haies, mares, tas de bois) offre des habitats pour la faune auxiliaire et participe à la régulation naturelle des ravageurs. Le réseau des fermes DEPHY, qui promeut la réduction de l'utilisation des pesticides, a observé une augmentation moyenne de 25% de la biodiversité sur les exploitations ayant mis en place ces aménagements.
L'utilisation efficace des ressources
Le principe "Prendre soin de la Terre" implique également une gestion raisonnée des ressources naturelles, notamment l'eau et l'énergie. Les permaculteurs mettent en œuvre diverses techniques pour optimiser leur utilisation :
La gestion de l'eau
Les systèmes de récupération d'eau de pluie, associés à des techniques d'irrigation économes comme le goutte-à-goutte, permettent de réduire considérablement la consommation d'eau. Une étude menée par l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse en 2023 a montré que les exploitations maraîchères en permaculture consommaient en moyenne 40% moins d'eau que les exploitations conventionnelles de taille similaire.
L'autonomie énergétique
L'intégration de systèmes de production d'énergie renouvelable (panneaux solaires, éoliennes) et la conception bioclimatique des bâtiments contribuent à réduire l'empreinte écologique des projets permacoles. Le réseau des fermes Biovallée dans la Drôme a démontré qu'il était possible d'atteindre une autonomie énergétique de 80% en combinant ces différentes approches.
En appliquant ces principes et techniques, la permaculture offre une approche globale et cohérente pour prendre soin de la Terre, tout en assurant une production agricole durable et résiliente. Les résultats obtenus par les pionniers de cette approche en France démontrent son potentiel pour relever les défis environnementaux et agricoles du 21e siècle.
Prendre soin de l'humain
Le deuxième principe éthique de la permaculture, "Prendre soin de l'humain", place l'être humain au cœur des préoccupations des projets permaculturels. Ce principe reconnaît que le bien-être des personnes est intrinsèquement lié à la santé de l'environnement et à la durabilité des systèmes. En France, de nombreux projets de permaculture ont démontré comment cette approche holistique peut améliorer la qualité de vie des individus et renforcer les liens communautaires.
Le bien-être humain comme pilier de la permaculture
La permaculture ne se limite pas à la culture de plantes et à la gestion des ressources naturelles. Elle englobe également le développement personnel, la santé physique et mentale, ainsi que les relations sociales. Dans ce contexte, "prendre soin de l'humain" signifie créer des environnements qui favorisent l'épanouissement des individus à tous les niveaux.
En France, le projet de la ferme du Bec Hellouin en Normandie illustre parfaitement cette approche. Fondée en 2004 par Charles et Perrine Hervé-Gruyer, cette ferme bio-intensive a non seulement démontré la viabilité économique de la permaculture, mais a également mis l'accent sur le bien-être des agriculteurs et de la communauté locale. Les fondateurs ont constaté une amélioration significative de leur qualité de vie, avec une réduction du stress et une augmentation de la satisfaction au travail.
Développement personnel et apprentissage continu
La permaculture encourage l'apprentissage continu et le développement des compétences. Les projets permaculturels offrent souvent des opportunités de formation et d'éducation, permettant aux participants d'acquérir de nouvelles connaissances et de développer leur potentiel. Par exemple, l'association Brin de Paille, qui promeut la permaculture en France, organise régulièrement des formations et des ateliers qui attirent des centaines de participants chaque année.
Renforcement des liens sociaux et de la coopération
Les projets de permaculture favorisent naturellement la collaboration et le renforcement des liens sociaux. Les jardins partagés et les initiatives communautaires basées sur la permaculture se multiplient en France, créant des espaces de rencontre et d'échange. À titre d'exemple, le jardin partagé des Thermopyles dans le 14e arrondissement de Paris, créé en 2001, a transformé une friche urbaine en un espace vert productif et social, améliorant considérablement la qualité de vie des résidents locaux.
Impact sur la santé physique et mentale
La pratique de la permaculture a des effets bénéfiques directs sur la santé physique et mentale des participants. Le travail en plein air, l'activité physique régulière et le contact avec la nature contribuent à réduire le stress et à améliorer le bien-être général. Une étude menée en 2022 par l'INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) a montré que les personnes impliquées dans des projets de permaculture en France rapportaient une amélioration de leur santé mentale et une diminution des symptômes de dépression.
Autonomie alimentaire et sécurité nutritionnelle
La permaculture contribue également à l'autonomie alimentaire et à la sécurité nutritionnelle des communautés. En France, le réseau des Incroyables Comestibles, inspiré par les principes de la permaculture, a permis à de nombreuses villes de développer des espaces de culture partagés, offrant un accès gratuit à des fruits et légumes frais. Cette initiative a non seulement amélioré l'accès à une alimentation de qualité, mais a également renforcé les liens sociaux et le sentiment d'appartenance à la communauté.
Le projet "Vergers Urbains" à Lyon, lancé en 2015, illustre parfaitement cette approche. En plantant des arbres fruitiers dans les espaces publics, l'initiative a non seulement augmenté la couverture végétale de la ville, mais a aussi créé des opportunités de cueillette gratuite pour les résidents, améliorant ainsi leur accès à des aliments frais et locaux.
Résilience communautaire et adaptation au changement climatique
En mettant l'accent sur la résilience et l'adaptation, la permaculture prépare les communautés à faire face aux défis du changement climatique. Les projets permaculturels en France intègrent souvent des stratégies d'adaptation, comme la gestion de l'eau et la diversification des cultures, qui renforcent la capacité des communautés à résister aux chocs environnementaux et économiques.
Le village de Ungersheim en Alsace, surnommé "village en transition", a adopté les principes de la permaculture dans sa stratégie de développement durable. Depuis 2009, la commune a mis en place de nombreuses initiatives, dont une ferme permaculturelle municipale qui fournit des légumes bio aux cantines scolaires. Cette approche a non seulement amélioré la qualité de vie des habitants, mais a également renforcé la résilience économique et environnementale de la communauté.
Partager équitablement
Le troisième principe éthique de la permaculture, "partager équitablement", va bien au-delà du simple partage des récoltes. Il s'agit de distribuer les ressources, les responsabilités et les avantages de manière juste et équilibrée, en tenant compte des besoins spécifiques de chacun. L'équité se distingue de l'égalité : alors que l'égalité propose la même chose à tous, l'équité adapte les ressources en fonction des besoins particuliers.
Une distribution équitable des ressources
Ce principe encourage la créativité et la communication pour trouver des solutions adaptées à chaque situation. Dans les projets permacoles, on observe souvent une redistribution des surplus de production au sein de la communauté locale. Par exemple, à la ferme du Bec Hellouin en Normandie, près de 20% des récoltes sont données à des associations caritatives chaque année. D'autres initiatives comme les Incroyables Comestibles permettent de partager librement des fruits et légumes cultivés dans l'espace public.
Partage des responsabilités et des avantages
Au-delà des biens matériels, le partage équitable concerne aussi les idées, les décisions, les rôles et les responsabilités au sein des projets. Dans les jardins partagés par exemple, les tâches sont souvent réparties selon les compétences et disponibilités de chacun. Certains s'occupent des semis, d'autres de l'arrosage ou de la récolte. Les bénéfices sont ensuite partagés entre tous les participants.
Renforcement des liens sociaux
Ce principe favorise également le renforcement du tissu social local. Les systèmes d'échange locaux (SEL) illustrent bien cette idée : ils permettent d'échanger des services, des savoirs ou des biens sans utiliser d'argent, sur la base du temps passé. En 2023, on comptait plus de 600 SEL en France regroupant environ 35 000 adhérents.
Exemples chiffrés de partage équitable
Le réseau des AMAP (Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne) compte plus de 2000 groupes en France, permettant à environ 250 000 consommateurs d'avoir accès à des produits locaux de qualité.
Les jardins partagés se sont multipliés ces dernières années : on en dénombrait plus de 500 à Paris en 2022.
Le mouvement des Villes en Transition, qui s'inspire largement de la permaculture, touche plus de 50 villes en France en 2024.
En créant ainsi un environnement où chacun peut contribuer et bénéficier de manière significative, le principe de partage équitable renforce la résilience et la durabilité des systèmes permacoles, tant sur le plan écologique que social.
Principes de design permaculturel
Les principes de design permaculturel constituent le cœur méthodologique de cette approche holistique. Développés par Bill Mollison et David Holmgren, ces principes guident la conception de systèmes résilients et durables, en harmonie avec la nature. Leur application concrète dans divers projets a démontré leur efficacité pour créer des écosystèmes productifs et régénératifs.
Observation et interaction
Le premier principe fondamental est l'observation attentive et prolongée des systèmes naturels avant toute intervention. Cette phase d'étude permet de comprendre les interactions complexes au sein d'un écosystème et d'identifier les opportunités d'intervention bénéfique. Par exemple, à la ferme du Bec Hellouin en Normandie, les fondateurs ont passé plus de 2 ans à observer leur terrain avant de commencer l'aménagement, ce qui leur a permis d'optimiser l'utilisation des microclimats et des ressources en eau.
Capture et stockage de l'énergie
Ce principe vise à maximiser la captation et le stockage des énergies renouvelables (solaire, éolienne, hydraulique) ainsi que des ressources comme l'eau et la biomasse. L'objectif est de créer des systèmes autonomes et résilients. Un exemple concret est le projet Oasis en Tous Lieux dans le Lot, qui a mis en place en 2018 un système de récupération d'eau de pluie capable de stocker jusqu'à 100 000 litres, couvrant 80% des besoins en eau du site.
Tableau comparatif des techniques de stockage d'énergie
Technique
Capacité de stockage
Durée de vie
Coût d'installation
Batteries lithium-ion
5-15 kWh
10-15 ans
5000-15000 €
Stockage thermique
50-200 kWh
20-30 ans
10000-30000 €
Volant d'inertie
5-25 kWh
20+ ans
15000-50000 €
Utilisation et valorisation des ressources renouvelables
Ce principe encourage l'utilisation préférentielle de ressources renouvelables et la valorisation des déchets comme ressources. Un exemple remarquable est le projet de la ferme des Volonteux dans la Drôme, qui a mis en place en 2020 un système de méthanisation valorisant les déchets agricoles pour produire du biogaz, couvrant 100% des besoins énergétiques de la ferme et générant un surplus revendu au réseau.
Apprentissage des rétroactions
L'observation des effets de nos actions sur l'environnement permet d'ajuster continuellement nos pratiques. Ce principe est au cœur de la gestion adaptative. La ferme de la Bourdaisière en Indre-et-Loire illustre parfaitement cette approche : depuis 2013, elle documente minutieusement l'évolution de la biodiversité sur son site, ajustant ses pratiques en fonction des résultats observés. Entre 2013 et 2023, le nombre d'espèces d'insectes pollinisateurs recensées a augmenté de 45%, témoignant de l'efficacité de cette approche.
Publications de référence en France
Permaculture : Principes et pistes d'action pour un mode de vie soutenable de David Holmgren (2014)
Le Manuel des jardins agroécologiques de Perrine et Charles Hervé-Gruyer (2017)
Permaculture : Guérir la Terre, nourrir les Hommes de Pascal Depienne (2019)
Ces ouvrages approfondissent les concepts et techniques de design permaculturel, offrant des guides pratiques pour leur mise en application dans le contexte français. Ils constituent des ressources précieuses pour quiconque souhaite approfondir sa compréhension et sa pratique de la permaculture.
L'essentiel à retenir sur les 3 principes de la permaculture
Les principes de la permaculture offrent un cadre pour repenser notre relation à l'environnement et à la société. L'avenir de cette approche réside dans son adaptation aux défis climatiques et sociaux émergents. Le développement de nouvelles techniques et technologies permaculturelles, ainsi que leur intégration dans les politiques agricoles et urbaines, permettront d'étendre son impact positif sur les écosystèmes et les communautés.
Maître d’œuvre, maître d’ouvrage
Le MOA ou le maître d’ouvrage ou encore maîtrise d’ouvrage est le commanditaire qui définit le cahier de charge. Cependant le maître d’œuvre ou la maîtrise d’œuvre ou encore le MOE a pour mission de diriger les réalisations des travaux, le suivi ainsi que l’harmonisation des divers métiers.
Ingénieur en bâtiment : ses rôles
L’ensemble des travaux d’un ingénieur en bâtiment consiste à définir les projets de construction. Il prend la décision pour les diverses techniques employées dans la réalisation des projets. L’ingénieur en bâtiment dirige les études de la construction et évalue le coût de la prestation.
Choisir une entreprise de construction
Avant de signer un contrat de construction d’habitation, optez pour les entreprises ayant un label délivré par un organisme public. L’architecte ou le bureau d’études doit établir le plan, et c’est à travers ce plan que l’entreprise fait le devis. Il faut également assurer la santé financière de l’entrepreneur, pour éviter les mauvaises surprises en cours de projet…